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C'est Benjamin Raspail, alors député de la Seine, qui le premier proposa, le 21 mai 1880, la date de la fête nationale : ..."le 14 juillet 1789 a inauguré un monde nouveau, puisque le peuple a pris les armes pour la défense des libertés..." le fusil de Davide Pedersoli est l'arme commémorative de cet anniversaire.

 

Cette révolution ne fût possible que grâce aux armes de l’époque, notamment le fusil mod. 1777. Mais sous cette dénomination, nous y trou­vons, en réalité, quelques armes différentes, comme :

Le fusil 1776 (marque 1777) qui pèse 9 livres et 8 onces pour une longueur totale de 1,52 m. Le canon II 5 pans courts de 42 pouces (1,14m.) pour un calibre de 7 lignes 9 points (17,5 mm). Sa lumière est cylindrique et percée de bas en haut. Le tenon est taraudé de la vis d'embouchoir et le bouton de culasse est à encoche. La monture est en gigue légère, la crosse possède une joue. Toutes les garnitures sont en fer et les têtes de vis sont plates. La plaque de couche est droite par dessous et pliée à angle droit.

La platine a sa pointe postérieure arrondie, le bassinet est en laiton, la sous-garde est fixe et la batterie est à retroussis et à talon. Sa face est assez pentée, la trousse droite s'appuyant directement sur le ressort. Le chien est à espalet. La baguette est en acier avec sa tête en forme de poire. La baïonnette possède trois fentes.

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Le fusil de marine Mlle.1777, totalement identique au modèle artillerie (ci-après) sauf  le battant qui est en laiton.

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Le fusil de dragon Mlle. 1777, identique au modèle d'infanterie, sauf la longueur totale qui est ramenée à 1,463m., son canon mesure 40 pouces (1,305m.). Les garnitures sont en laiton sauf la grenadière et les deux bandes qui sont en fer. La baïonnette est celle du modèle infanterie 1777. Pas de tenon de baïonnette.

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Le fusil d'artillerie Mlle. 1777, d'une lon­gueur totale de 1,305m, son canon mesure 34 pouces (0,92 m). Ses garnitures sont en laiton, y compris la grenadière, mais les battants sont en fer. Tout le reste est identique au fusil. Sa baïonnette est celle du modèle 1777 classique. 

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Le mousqueton de cavale­rie Mlle. 1777 dit également de "grosse cavalerie". Long de 1,172m, son canon mesure 0,847m. Sa capucine est en laiton, sa crosse à une joue et l'embout de sa baguette est en forme de poire. 

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Ce fameux modèle 1777, comme sa baïonnette d'ail­leurs, a duré pour ainsi dire 40 ans, et les modèles qui ont suivi, sont presque tous de simples dérivés mis au point sous l'égide du général Gas­sendi. Même pour l'adoption de la percussion, ces fusils furent encore une fois simple­ment modifiés. 

 

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Réception de l'arme 

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L'arme, abondamment graissée, est enchâssée dans un fourreau plastique. Le poids du colis (6 kg) et sa longueur (1,60 m) impressionnent. Une fois le tout déballé, quelle agréable surprise. On y trouve une large bretelle en cuir blanc, une baïonnette dans son fourreau, une épinglette de tringlage reliée par une chaînette dorée à une autre épinglette d'accrochage. Tous ces menus accessoires sont fournis dans une boîte bleue, capitonnée de rouge. Plus une plaquette commémorative, ovale et en bronze, décors en reliefs. Cette plaque servira à faire graver le nom de l'heu­reux propriétaire qui s'empressera de la fixer sur la crosse.

 

L'arme en question 

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Le canon: comme I'original, est long de 1,14 m. II est bien entendu à âme lisse et en calibre 69 (17,5 mm). Sa finition est en acier blanc poli, légèrement satine anti-reflet. II est maintenu au fût par 2 bandes, une gre­nadière et une capucine qui sont elles­ mêmes maintenues par des ressorts de rétention. L’embouchoir est par contre, fixe par deux vis de blocage (idem à I'original). 

La platine : est tout comme le canon en acier poli blanc. Le bassinet est naturelle­ment en laiton. La pointe postérieure est arrondie. La batterie est dite à "retroussis et à talon". Sa face est très pentée, la trousse droite appuie directement sur son ressort. La noix est fermement tenue en alignement par une forte bride de noix à deux piliers. Les res­sorts et toutes les pièces mécaniques sont parfaitement ébarbés et leur finition est blanc poli.
 

La sous-garde, fixe est aussi en acier et toutes les vis sont bien a têtes plates. Le chien est a "espalet" et le ressort principal est visse a la platine, juste sous le débord du bassinet. 

Le bois : est, du moins sur mon spécimen, d'une seule pièce. C'est du très beau noyer sélectionne car comme pour toutes les armes militaires celui-ci n'est pour ainsi dire pas veiné. Sa finition est également soignée. Le bois est très finement poncé et juste huilé, sauf les parties non apparentes, c'est dommage, mais remédiable. Les encastre­ments et mises en bois sont acceptables (pour une fois) sauf comme je l'ai déjà dit, non traités. 
 

Les garnitures: la plaque de couche, le pontet avec son battant, la capucine, la grenadière, l'embouchoir et la contre platine sont également en acier blanc poli. Cette finition est tout à fait conforme à l'original. La baguette présente est également en bon acier poli blanc. Taillée dans une tige de 5 mm de diamètre (en section normale) une extrémité est en "poire" pour tasser la balle, et l’autre est filetée pour y recevoir les écou­villons et les lavoirs.

Par contre, les vis de fixation de l'embou­choir sont un peu longues et dépassent forte­ment. Le guidon est rapporté en coulage de laiton taillé en pointe et dos d'âne. II semble que le tenon de baïonnette soit soudé par électrolyse. 

 

La bretelle : est en bon cuir blanc. Longue de 1 mètre et large de 36,5 mm pour une épaisseur de 2 mm, elle est digne, sans en être, d'être nommée "bufflerie". La bouterolle, qui, ne l'oublions pas, se place toujours en haut sur le battant de grenadière, est bien en laiton massif, tout comme la boucle arrondie. Attention au montage ! Car malheureusement, je vois trop de montages, sur les stands, qui sont effectues n'importe comment. Lorsque l'on se sert d'armes an­ciennes ou de leurs répliques, pourquoi ne pas tout respecter au plus proche: les mou­vements de rechargement, les prises de posi­tions, y compris les montages d'accessoires et tout le rituel de l'époque de l'arme en question. C'est si simple! 

La baïonnette : est aussi, pour une fois à peu près conforme au modèle original, je dirais même presque parfaitement, puisque j’ai pu monter la réplique sur le fusil d'époque et vice-versa. Par contre, le bour­relet de la douille est un peu différent et le talon de la lame n'est pas renforcé sur la réplique. 

 

La lame a bien trois gouttières, mais mesure 0,475mm au lieu des 14 pouces (0,380mm) pour l'An IX et 18 pouces (0,487mm) pour le Révolutionnaire. Sa fini­tion est blanc poli.

Je n'ai pas pu pousser le démontage plus loin, car je me devais de respecter la consigne du 15 Frimaire An IX qui signifiait "...Il est défendu d'ouvrir la bague de douil/e pour la retirer totalement. Elle doit être nettoyée sur la douille... ". Alors !

Le fourreau est en cuir marron, avec sur la face plat arrière une couture façon sellier. L'embout est en acier blanc poli, sans chape. Le collet et le tirant sont eux, en cuir blanc. 

 

En tout premier lieu, puisque ce fusil m'est simplement prêté, j'ai dû changer la batterie d'origine pour ne pas l'abîmer. Je ne saurai donc pas si celle-ci fonctionne bien ou mal, mais je pense qu'elle doit être correcte car ce n'est pas de la micro fusion, comme toutes les autres et si par hasard, les étincelles n'étaient pas "folichonnes", il me suffirait de lui faire une cémentation pour remédier à ce problème courant sur les répliques et non, comme d'habitude, changer carrément la bat­terie. Bien évidemment, toute l'arme est parfaitement dégraissée au trichloréthylène.

Pour la balle ne disposant que d’un moule italien de ce calibre (69) soit 17,5 mm, je devrai donc faire avec. Elle sera bien entendue en plomb pur. Son graissage consistera à un roulage dans une ou deux gouttes d'huile de pied de boeuf naturelle.

 

Pour la poudre, ce sera de la Mousquet Tir, puisque c'est celle qui ressemble le plus à celle d'époque (et qui convient généralement aux gros calibres). Quant à la dose, je com­mencerai avec un peu moins que mon fusil d'époque, c'est à dire 4,00 grammes au lieu des 4,30 gr.

L’amorçage sera effectue à la PNT 2, qui devra remplir complètement le bassinet, à ras bord.
 

Le silex sera en "double mèche" régle­mentaire, comme les 15 kg ramenés du lieu même de taillage. II sera maintenu en place dans les mâchoires du chien, par un patron en plomb similaire à celui d'époque.

Sachant que pour les essais, pour plus de commodité, je n'utiliserai pas les "car­touches" de papier, mais directement les éléments en vrac.
 

Apres avoir aide, avec une épinglette, le pulvérin à passer dans la lumière, je suis donc prêt. Le tir sera conforme aux normes de la Confédération, c'est à dire la cible sera un "C 50" place à 50 m. et le tir debout.

  Pour le tir à 50 mètres, après quelques tâtonnements de dosage, les scores se stabili­sèrent (en 4 séries simultanées) à la moyen­ne de 85/100 en 10 coups, avec 4,50 grammes de Mousquet, séparés de la balle par l'équivalent de la bourre papier d'une cartouche. Les tirs effectues, par la suite avec d'autres mêmes armes, confirmèrent à 0,10 gramme (de + ou -) ce dosage initial.

Pour le tir à 100 mètres, toujours en tir debout sur un "C 50" et en position debout, je ne pus réaliser qu'une moyenne de 75/100 en ayant porte la dose à 4,85 grammes.

Bien entendu, sur cette arme il n'y a pas de hausse. Celle-ci se prend comme suit:

A 50 m. en alignant le sommet du gui­don, dans l'axe du tonnerre.

A 100 m. la hausse sera le pouce de la main gauche, couché transversalement sur le tonnerre du canon.

A 150 m. le pouce sera plié de façon que votre ongle touche le canon

A 200 m. le pouce sera relevé comme pour faire du stop.

Nota : A vous de trouver votre position de main gauche, en n'oubliant pas que c'est aussi de cette main que dépend le départ du coup. 

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Conclusion 

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Certes le prix est peut-être un peu élevé (1’600 francs) mais la qualité est pressente. C'est je pense e meilleur fusil (et de loin) pour effectuer les tirs des catégories réglementaires à silex.

 

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Article tiré de "La Gazette des Armes no246" juillet/août 1994

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